Ces mères, grand-mères et allié·e·s qui constituent ce mouvement décentralisé.
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Découragées par le manque de courage politique dont font preuve nos élus-es à l’égard de la crise climatique et la perte de biodiversité, les deux femmes réalisent que leurs tristesses et leurs colères se touchent. Elles sont convaincues que l’amour qu’elles portent pour leurs enfants peut servir d’arme de construction massive pour changer les politiques. Elles se mettent à imaginer ce qu’elles pourraient faire avec cette force-là. La force de celles qui ont mis au monde. Celle des louves et des lionnes. Celles qui sont prêtes à tout pour protéger leurs petits.
Début 2020, elles interpellent d’autres femmes de leurs réseaux. Des femmes de tous les horizons et de tous les âges. Elles se retrouvent une quarantaine dans le salon de Laure. Une à une, elles racontent pourquoi elles ont créé une brèche à leur horaire surchargé pour être présentes ce soir-là. Il y a de la colère, il y a des larmes. Du désespoir, de la fatigue, des appels à l’aide, aussi. Et beaucoup, beaucoup d’amour. Ce soir-là, elles ont compris qu’elles étaient nombreuses. Que ça les rendait fortes. Et que c’était le début des « Mères au front ».
Le 9 mars 2020, au lendemain de la Journée internationale des femmes, le mouvement est lancé, annonçant une grande marche à Ottawa à l’occasion de la fête des Mères. L’initiative trouve un fort écho dans les médias et chez certains élu-e-s dont la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui accueille une petite délégation de Mères au front à l’Hôtel de Ville.
En l’espace d’une semaine, près de 2 500 personnes adhèrent à Mères au front et confirment leur participation à la mobilisation de la marche qui malheureusement doit être annulée à cause de la COVID.
Le mouvement se réinvente rapidement. Des groupes se forment dans une dizaine de régions du Québec, dans la Francophonie canadienne et en Belgique. Les Mères au front crée aussi une alliance avec l’organisation For Our Kids présent dans le Canada anglais.
On compte aujourd’hui plus de 30 groupes incluant plus de 300 personnes impliquées au sein de ces groupes. À ces personnes de cœur et d’engagement s’ajoutent des milliers d’autres personnes mues par le même élan qui prennent part au mouvement virtuellement ou autrement.
En tant qu’organisme sans but lucratif, Mères au front compte sur une base de membres individuels, d’un conseil d’administration composé de neuf femmes engagées (dont des sièges réservés aux représentantes de groupes locaux, d’une représentante du domaine scientifique et une autre du domaine des arts) et tient son assemblée générale annuelle chaque printemps. À cela s'ajoute une équipe de personnes rémunérées afin de répondre aux besoins des membres et amplifier leur capacité d'agir.
L'autonomie des groupes locaux et de ses membres est importante, en autant qu’ils respectent les orientations et les valeurs de Mères au front. C'est pourquoi nous avons des ‘’cercles’’ et comités; ce sont des espaces ouverts où sont invitées à participer des représentantes de tous les groupes locaux pour échanger et se soutenir, décider des orientations du mouvement et élaborer des actions conjointes.